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Les villes à l'échelle mondiale, le poids croissant des métropoles

Introduction

Selon l’ONU, depuis 2008, plus de la moitié de la population mondiale vit en ville. À l’échelle mondiale, le phénomène d’urbanisation se renforce.

Définition

Cette urbanisation s’accompagne d’un processus de métropolisation c’est-à-dire la concentration des populations, des activités et des fonctions de commandement dans les villes.

Les métropoles ont toutes des caractéristiques communes:

  • Un quartier d’affaires,

  • Un équipement culturel de premier plan,

  • Des nœuds de transports et de communication importants,

  • Des institutions de recherche et d’innovation, etc.

Il n’empêche que les métropoles sont toutes extrêmement diverses, à plus d’un titre :

Exemple

Par exemple, elles sont inégalement attractives et n’exercent pas la même influence.

De même elles ne sont pas toutes intégrées de la même manière dans la mondialisation c’est-à-dire qu’elles sont parfois en marge des échanges mondialisés. Géographiquement, les métropoles qui grandissent le plus vite sont les villes des Suds :

Exemple

Comme Lagos au Nigeria : En seulement soixante ans, la population de Lagos a été multipliée par 100, passant de moins de 200 000 personnes à près de 20 millions aujourd’hui.

Si la population du Nigeria continue de croître et que les gens déménagent dans les villes au même rythme que maintenant, Lagos pourrait devenir la plus grande métropole du monde, avec 85 ou 100 millions d’habitants en 2100.

Cependant, le rayonnement est encore très largement focalisé sur les métropoles des Nords, qui grandissent nettement moins vite mais qui sont aussi plus développées, mieux dotées et reconnues dans le monde entier :

Exemple

On peut citer parmi elles New York ou Londres.

Problématique

On peut donc se demander quelles sont la place et l’évolution des métropoles dans l’urbanisation du monde ?

Nous procèderons en deux temps pour répondre à cette problématique : le premier temps nous offrira l’occasion de nous intéresser à la transition urbaine que connaît le monde et à la place des métropoles dans ce phénomène. Le second temps nous permettra de cibler notre étude sur l’évolution du poids des métropoles.

Quelle est la place des métropoles dans la transition urbaine ?

Le concept de transition urbaine

En 2050, selon l’ONU, la planète comptera 6,4 milliards d’urbains, soit plus des deux tiers de la population mondiale, qui atteindra alors 9 milliards. Or « 40 % de la croissance urbaine se fait dans les bidonvilles », alertait en 2015 dans son rapport annuel le Forum économique mondial de Davos, une association à but non lucratif basée à Genève et qui a pour but d’améliorer l’état du monde. C’est ainsi la transition urbaine qui est pointée du doigt.

Définition

La « transition urbaine » désigne le passage d’une population majoritairement rurale à une population majoritairement urbaine.

Actuellement, les pays riches (France, États-Unis, Japon par exemple) sont dans une phase ultime où la population urbaine est déjà largement majoritaire, mais où les taux de croissance très faibles, voire nuls. À l’opposé, les pays en développement stagnent dans une phase préparatoire, avec une population majoritairement rurale (à l’exception de l’Amérique latine, traditionnellement et historiquement urbaine), mais des taux de croissance très élevés, qui les entraînent vers une urbanisation parfois qualifiée par les observateurs d’« incontrôlée ». Dans ce cadre, les métropoles occupent une place qu’il convient d’analyser : le phénomène dit de métropolisation a largement contribué à faire entrer le monde dans la transition urbaine.

Définition

On rappelle que le terme « métropolisation » désigne la concentration des populations, des activités et des fonctions de commandement dans les villes.

De fait, le développement rapide des villes géantes est la conséquence la plus spectaculaire de la métropolisation du monde. Ce développement très rapide n’est pas sans conséquence : d’après l’agence ONU-Habitat, la population vivant dans des bidonvilles (en général sans accès à l’eau potable ni aux infrastructures d’assainissement) est passée de 780 millions en 2000 à près de 830 millions en 2010, soit plus d’un tiers de la population urbaine totale des pays les plus pauvres (mais largement plus de la moitié pour le continent africain et environ 50 % pour l’Asie du Sud). Chaque zone du globe ayant des zones d’une grande pauvreté eux aussi en pleine croissance :

Exemple


Les slums indiens, les favelas brésiliennes, les townships sud-africains ou les urban Poor Area philippines étant des exemples éloquents de la pauvreté urbaine renforcée.

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Les métropoles font partie intégrante de la transition urbaine mondiale. Cette même transition urbaine est un tournant capital dans le fonctionnement et l’organisation des territoires ; dans leur gestion et dans celle des hommes et des femmes qui les habitent. Le continent le plus marqué étant le continent africain, où elle provoque de nombreuses inquiétudes au vu de sa rapidité. En 2015, le rapport annuel « Global Risks » du Forum économique mondial de Davos alertait sur les dangers liés à une « urbanisation rapide et incontrôlée ».

Les métropoles ont un poids de plus en plus important

On l’a vu, de fait, la métropolisation est en pleine croissance. Cela ne veut pas dire que toutes les métropoles grandissent. Les perspectives de croissance pour 2025 ne sont pas les mêmes selon les continents. Quasi-nul en Europe, le taux de croissance est très faible sur tout le continent américain. En revanche, il explose en Afrique et en Asie.

Exemple

Selon les estimations de l’ONU, Tokyo devrait atteindre 36 millions d’habitants en 2025, Jakarta 32 millions, Manille 30 millions, New Delhi 29 millions, Bombay 28 millions et Shanghai 23 millions !

Les métropoles concentrent:

  • Sièges sociaux d’entreprises,

  • Lieux de pouvoir,

  • Centres de recherche et développement de pointe ;

  • Elles sont dotées de services de haut niveau comme la finance ou l’informatique attirant une population active très qualifiée composée de nombreux cadres.

Les métropoles, dans le contexte de la mondialisation, se doivent aussi d’être ultra connectées : ainsi, ce sont des nœuds essentiels dans les réseaux de communication.

Définition

Elles sont multimodales c’est- à-dire que des moyens de transports de tous types y convergent :

Exemple

Il est par exemple possible d’arriver dans la métropole par avion, puis de l’aéroport de prendre un métro ou un train menant ensuite dans le cœur de la ville où un réseau de transports divers sera disponible (bus, métro, vélos ...).

Les métropoles, grâce à ces caractéristiques sont à l’origine de l’émission et destinataires de nombreux flux de marchandises, de personnes, de capitaux et d’informations. En cela, elles s’inscrivent en plein cœur de la mondialisation ; plus ou moins efficacement selon leur localisation et leur histoire. Les métropoles des pays développés polarisent actuellement les fonctions majeures dans la mondialisation et communiquent fortement entre-elle. Néanmoins, les métropoles des Suds sont en pleine effervescence. Si elles souffrent de nombreux problèmes comme ceux d’une croissance démographique non contrôlée, d’une pauvreté extrême ou encore d’infrastructures défaillantes, il n’empêche qu’elles renforcent leurs fonctions métropolitaines et qu’elles s’affirment avec aplomb :

Exemple

On peut citer par exemple Kinshasa, capitale de la République Démocratique du Congo qui a vu son nombre de banques tripler en dix ans.

On peut citer Bangalore, ville indienne qui s’est fortement spécialisée dans l’ingénierie informatique et dans les hautes technologies.

On peut enfin citer Lagos, capitale du Nigeria qui n’a cessé de s’agrandir jusqu’à devenir la dixième plus grande ville du monde avec une population estimée entre 17 et 22 millions d’habitants.

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Les métropoles avancent donc à plusieurs vitesses. En tête les métropoles américaines et européennes qui les premières se sont affirmées et qui, fortement développées, s’inscrivent au maximum dans la mondialisation. Viennent ensuite les métropoles d’Asie du Nord qui ont fait trembler le monde en explosant littéralement. Désormais ce sont les métropoles des Suds qui, malgré tous leurs défauts et défis, prennent un poids toujours plus important dans l’équilibre des villes du monde.

Après avoir vu dans une première partie quelle était la place des métropoles dans la transition urbaine, nous allons désormais nous intéresser à l’organisation des métropoles dans le monde.

Comment s’organisent les métropoles à l’échelle mondiale ?

Elles tentent de s’insérer dans le réseau de la mondialisation

La mondialisation a fortement contribué au développement des métropoles. Celles-ci détiennent de très forts pouvoirs, politiques et économiques et ont pour vocation à s’insérer dans ce que le géographe Olivier Dollfus avait appelé dans les années 1990 l’AMM (archipel mégalopolitain mondial). Chaque grande ville se trouve en concurrence avec toutes les autres... aussi bien les villes voisines que les plus éloignées. C’est ainsi qu’au XXIᵉ siècle, l’attrait d’une ville et sa capacité à s’insérer dans la mondialisation deviennent désormais un enjeu pour attirer les investisseurs et les populations qualifiées. Au delà des éléments attractifs économiquement (emplois, services, accessibilité), ces métropoles doivent développer des stratégies spécifiques pour pouvoir se démarquer de leurs concurrentes dans le domaine économique-culturel : le géographe américain Richard Florida résume la stratégie des métropoles en un acronyme : les 3T (Technologies, Tolerance et Talent) qui permettrait selon lui de faire des métropoles des centres attractifs dynamiques et concurrentiels en utilisant les talents de tous pour attirer le capital. Dès lors qu'elles sont attractives, les métropoles sont en réseaux et sont fortement connectées entre elles.

Exemple

On peut citer la mégalopole européenne définie par le géographe Roger Brunet et qui s’étend de Londres à Milan sur plus de 1500 km, regroupant plus de 70 millions d’habitants.

Définition

On entend par mégalopole une vaste aire urbanisée qui rassemble sur plusieurs centaines de kilomètres de nombreuses villes de taille et de poids divers autour d’une ou de plusieurs métropoles.

Exemple

On peut aussi citer la mégalopole américaine, peuplée de 45 millions d’habitants, qui s’étend sur plus de 800 kilomètres de Boston à Washington (d’où son surnom : BosWash), et qui englobe des villes importantes telles que New York, Philadelphie et Baltimore.

Enfin on peut citer la mégalopole japonaise, vaste région urbaine située sur les côtes pacifiques du Japon, de Tokyo à Fukuoka qui accueille 80 % de la population du pays, soit près de 100 millions d’habitants et forme un ruban long de 1 300 kilomètres, large de 100 kilomètres.

Dans les pays du Sud, des mégalopoles similaires se forment et tendent à s’insérer dans les réseaux de la mondialisation

Exemple

Par exemple en Amérique latine autour de Buenos Aires, Rio de Janeiro et São Paulo.

Propriété

Les grandes métropoles, et notamment les villes dites globales (c’est-à-dire qui ont une influence mondiale), sont donc des centres de commandement de l'espace mondialisé.

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Les grandes métropoles, et notamment les villes dites globales (c’est-à-dire qui ont une influence mondiale), sont donc des centres de commandement de l'espace mondialisé. Elles constituent des nœuds de communication et forment entre elles un réseau, appelé « archipel métropolitain mondial » extrêmement bien relié. Elles polarisent les flux grâce à leurs infrastructures de transport et de communication. Elles entretiennent entre elles des relations complexes, financières et commerciales via notamment les principales bourses (le CAC 40 à Paris, le Dow Jones à New York ...) mais également via tous les flux qui les relient.

Cependant, les métropoles qui ne parviennent pas à pénétrer le réseau sont à la peine, c’est cette problématique que nous allons travailler dans notre seconde partie.

Les métropoles sont inégalement intégrées et très hétérogènes

Il est difficile pour les métropoles d’être parfaitement intégrées dans la mondialisation. Certaines métropoles sont dites incomplètes c’est-à-dire que leur panel de fonctions de commandement est... incomplet. Souvent ces métropoles incomplètes sont situées dans des pays en développement, ou dans des États fédéraux où plusieurs villes sont en concurrence.

Exemple

On peut citer par exemple Berlin qui est la capitale politique de l’Allemagne mais qui ne dispose pas des pouvoirs financiers, légués à Francfort.

Une fois mises de côté les métropoles incomplètes, il est possible de les classer selon des critères précis. En 2008 le Global Power City Index sélectionne 70 indicateurs répartis en
6 domaines :

  • Économie

  • Recherche et développement

  • Interaction culturelle

  • Viabilité

  • Environnement

  • Accessibilité

  • Et afin de dresser un classement des métropoles mondiales basé sur leur capacité à attirer les populations, les capitaux et les entreprises du monde entier.

Exemple

Basé sur ces critères c’est alors New York qui arrivait en 2017 à la première place en terme d'économie et de recherche et développement, mais la ville avait été pénalisée par son mauvais score en matière de viabilité et d'environnement.

C'est ainsi Londres qui était dans d’autres classements moins élaborés mais plus incomplets existent :arrivée en tête, suivie par New York, Tokyo, Paris et Singapour.

D’autres classements moins élaborés mais plus incomplets existent :

  • classement en fonction du nombre de sièges sociaux de FTN (une FTN étant une entreprise qui contrôle des filiales implantées dans plusieurs pays et qui a des activités de production à l’étranger)

  • en fonction de leur PUB c’est-à-dire le Produit Urbain Brut (richesses produites par une ville)

  • en fonction de la puissance de leur CBD (Central Business District , c’est-à- dire quartier des affaires)

  • de leur skyline c’est-à-dire de leur architecture

  • elles peuvent aussi être simplement classées en fonction du nombre d’habitants.

Quoi qu’il en soit les classements ne prenant pas seulement en compte la dimension économique sont probablement les plus intéressants car les fonctions faisant la force d’une métropole sont également culturelles et politiques, mais aussi sociales et environnementales.

Problématique

On s’était donc demandés quelles étaient la place et l’évolution des métropoles dans l’urbanisation du monde ?

Conclusion

Les deux parties de ce chapitre ont permis de voir que :

  • L’urbanisation du monde s’accompagne d’un processus de métropolisation fort.

  • Les métropoles jouent un rôle capital mais extrêmement hétérogène dans la transition urbaine mondiale.

  • En dépit de ce que l’on pourrait identifier comme des caractéristiques métropolitaines (quartier d’affaires, équipement culturel de premier plan, nœuds de transports et de communication majeur, institution de recherche et
    d’innovation...), les métropoles sont très diverses. Elles sont inégalement attractives, inégalement intégrées au réseau mondialisé et n’exercent pas la même influence.

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