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Les espaces de production dans le monde: une diversité croissante

Introduction

Définition

Les espaces productifs sont des espaces aménagés pour développer des activités économiques et produire de la richesse. Ils sont mis en valeur par des acteurs divers, publics et privés. En lien avec la mondialisation, ces espaces connaissent des dynamiques variées.

On appelle donc espace productif un territoire sur lequel des acteurs pratiquent un certain nombre d’activités grâce à des aménagements.

Traditionnellement on regroupait les espaces productifs en trois grandes catégories :

  • industriel,

  • agricole,

  • et de service.

Mais à l’échelle mondiale, les logiques et dynamiques des principaux espaces et acteurs de production de richesses se recomposent. Les espaces productifs majeurs sont divers et plus ou moins spécialisés. Ils sont de plus en plus nombreux, interconnectés et se concentrent surtout dans les métropoles et sur les littoraux. Les processus de production s’organisent en chaînes de valeur ajoutée à différentes échelles. Cela se traduit par des flux d’échanges matériels et immatériels toujours plus importants.

Dans ce bouillonnement productif, la France est la 5è puissance économique mondiale et la 3e d’Europe après l’Allemagne et le RU. Ce reste à peu près inchangé depuis 1900, avec des fluctuations régulières, 6e place, 5e place etc. Elle possède de grandes FTN, vitrines de l’internationalisation de son économie. 

Certaines sont des leaders dans leur secteur d’activité : Total, Axa, Vinci, Alstom, Danone, L’Oréal, Carrefour, LVMH … L’aéronautique, les industries agroalimentaires et du luxe, la chimie sont les secteurs les plus dynamiques. La puissance économique de la France repose aussi sur l’agriculture (1er producteur de l’UE).

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Avec la mondialisation, l’organisation des espaces productifs a été bouleversée.

Problématique

On peut donc se demander quelles sont les caractéristiques et les recompositions majeures des espaces et des acteurs de la production ?

Dans un premier temps, nous nous intéresserons à la hiérarchie des espaces productifs, dans la mondialisation, tandis que le second temps nous permettra de voir en quoi les pôles de la mondialisation sont-ils impactés par la décomposition internationale des processus productifs, aussi appelée DIPP,  qui a créé cette spécialisation des espaces productifs mondiaux.

Quelle est la hiérarchie des espaces productifs dans la mondialisation ?

Introduction

Dans le monde, on assiste à une recomposition des dynamiques liées à la production de richesses.

Autrefois concentrée au Nord, la production mondiale tend à basculer vers les territoires marqués par l'émergence. Toutefois, cette nouvelle décomposition internationale des processus productifs (DIPP) relève de logiques complexes. On parle également d'organisation en chaînes de valeurs pour parler de cette division des différentes tâches de la production dans plusieurs régions du monde. Elle dépend du potentiel des territoires, placés en concurrence dans un monde ouvert, et qui sont plus ou moins attractifs et compétitifs.

Afin de comprendre comment fonctionnent les espaces de production, il faut s'interroger sur les acteurs, sur la structure et sur les logiques de localisations. C’est l’objet de cette partie où nous allons donc analyser la géographie des espaces productifs à toutes les échelles.

Géographie de la production des richesses en recomposition

Nous allons démarrer par une présentation géographique des espaces productifs. D’abord, les pays développés voient leur part dans la production des richesses mondiales reculer.

Exemple

  • En effet, depuis la fin des années 1990, leur part dans le Produit Intérieur Brut mondial (PIB) est passée de 62 % à 45,5 %.

  • En 2013, c’est la Chine, puissant pays émergent, qui est devenue la première puissance industrielle du monde devant les États-Unis. La Chine montre que les pays émergents prennent une place croissante dans le PIB mondial.

  • Les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, South Africa) représentent désormais 25 % du PIB mondial alors qu’en 1994, il n’en représentaient que 7 %.

Pour autant, la géographie de la production des richesses reste très inégale.

Exemple

Ainsi, le PIB des seuls États-Unis, peuplés par 330 millions d’habitants, est 6 fois supérieur à celui de tout le continent africain, qui est pourtant quatre fois plus peuplé.

Par ailleurs, la géographie de la production des richesses se recompose à toutes les échelles.

Exemple

En Inde par exemple, Bangalore n’était peuplée que de 778 000 habitants en 1950 : elle est devenue une métropole de 8,5 millions d’habitants, désormais surnommée la « Silicon Valley indienne » car elle est une capitale des nouvelles technologies dans le pays et en Asie. Aucune autre ville indienne n’a connu pareil développement.

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La géographie de la production des richesse est donc soumise aux contraintes de la mondialisation, mondialisation dans laquelle les pays émergents se sont massivement développés ces dernières années, remettant en question la suprématie des pays développés. Mais surtout, toujours dans ce contexte de la mondialisation, les espaces de production sont de plus en plus hiérarchisés.

Les entreprises, confrontées à la concurrence et en recherche de compétitivité ont sélectionné les espaces de production :

  • les espaces productifs qui ont la fonction de commandement et ceux qui ont la fonction de recherche et développement (R&D) sont situés dans les pays riches et développés, dans des métropoles.

  • Les ateliers de production, ayant une fonction manufacturière, agricole ou extractive sont quant à eux situés dans les émergents ou dans les pays les moins avancés (PMA).

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La mondialisation a bouleversé la géographie des espaces productifs. Autrefois, les pays disposaient aussi bien d’espaces à fonctions industrielle, agricole ou de service. Actuellement, cette logique est beaucoup plus floue puisque, dans une dynamique de concurrence et de recherche de rentabilité, les espaces de productions suivent des logiques économiques féroces.

Des centres décisionnels, des périphéries productrices

Julien Vercueil, économiste : “Durant les trente dernières années, le monde occidental a assisté à l’ascension de pays auparavant sous ou mal-développés, qui se sont imposés comme des acteurs majeurs de la scène économique mondiale”.

On a donc une répartition des productions dans le monde : 

  • dans les métropoles, les têtes pensantes.

  • Dans les pays émergents, les petites mains , qui produisent.

5 villes globales concentrent les fonctions les plus importantes dans le monde : Paris, Londres, New-York, Tokyo et Shanghai. Ces villes sont emplies des sièges sociaux des firmes transnationales (FTN).

Définitionsiège social

Un siège social, c’est le coeur de la FTN, le centre décisionnel et névralgique où toutes les décisions capitales sont prises.

DéfinitionFTN

On parle de FTN dès lors qu’une société résidente dans un pays détient plus de 10 % du capital dans une autre société résidente dans un autre État. La première est appelée « société-mère » et la seconde est une « filiale ».

Exemple

Par exemple, le groupe japonais Toyota a son siège au Japon (dans la ville éponyme) et possède, en 2017, 51 entreprises de fabrication réparties dans 28 pays. Quelques 360 000 personnes travaillent dans le monde pour cette FTN.

Parmi les sièges sociaux les plus célèbres on pourrait citer celui de la FTN bien connue Nike : situé à Beaverton dans l’Oregon, état des Etats-Unis, immense campus ultra moderne et ultra confortable destiné à donner envie aux employés d’y rester travailler.

Dans le même temps la production est massivement délocalisée en Asie, en Chine ou au Vietnam dans des ateliers où les ouvriers travaillent dans des conditions difficiles.

Définition

On parle de sweatshop pour désigner ces endroits qui donnent régulièrement lieu à des polémiques importantes.

Exemple

Au débuts des années 2000, Nike s’est engagé à travailler à l’amélioration des conditions de ces ateliers.

Apple est un autre exemple : son centre décisionnel est situé à Cupertino, en Californie. Les composants viennent du monde entier. Mais les ateliers de production sont situés en Chine, pour cette raison les iPhones sont griffés de la mention “Made in China”. Mais Apple a récemment lancé la production d’un autre de ses modèles en Inde.

A la lecture des deux cartes le constat est clair : les pays développés, toujours majoritairement présents au Nord, concentrent les activités de recherches, de développement, d’innovation, et les meilleures universités sont concentrées aux Etats- Unis, dans l’Union Européenne et au Japon. Quand on observe la carte de la production manufacturière, on constate que les ateliers sont massivement situés dans le Sud. Ainsi, si la logique Nord-Sud est beaucoup moins nette qu’auparavant, elle est toujours bien présente, et bien visible.

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Les espaces productifs sont donc extrêmement hiérarchisés et de plus en plus spécialisés, à cause de la mondialisation et de la métropolisation. 

Les métropoles dominent largement les espaces de production en usant de leurs fonctions de commandement c’est-à-dire les processus de décision, les gestions des personnels, les conceptions de produits innovants et l’innovation. 

Les pays émergents et les nouveaux pays industrialisés eux, concentrent les fonctions industrielles du fait des avantages nombreux qu’ils présentent : main d’œuvre abondante et bon marché, terres disponibles, attractivité économique. 

Problématique

Nous allons maintenant voir dans un second temps comment et pourquoi les espaces productifs sont-ils au coeur du fonctionnement de la mondialisation.

Quels sont les effets de la DIPP sur les pôles de la mondialisation ?

Cette partie a donc pour but, après avoir saisi les grandes logiques des localisations des espaces de production, de comprendre comment la décomposition internationale des processus productifs impacte t-elle les pôles de la mondialisation ; d’abord les pôles que sont les pays développés, puis ensuite les pôles des émergents.

Dans les pays développés : relocalisations des industries traditionnelles et percée de l’industrie numérique

Propriété

Commençons donc par les pays du Nord. Là bas, la DIPP contribue à la désindustrialisation. En effet, le transfert, au Sud, des emplois, par délocalisation, a des conséquences sociales importantes :  

Exemple

C'est le cas d'une ville comme Detroit aux États-Unis qui a fait faillite en 2013 et s’est dépeuplée.

Cependant, on assiste depuis les années 2000 à des relocalisations.

Exemple

Il s’agit par exemple de la délocalisation des productions dans les pays du Nord, lorsque certaines zones redeviennent compétitives.

Les relocalisations ont aussi lieu parfois suite aux pressions politiques ou populaires.

Exemple

On peut citer l’exemple de la marque de ski française Rossignol qui avait établi sa production à Taïwan et qui a finalement relocalisé en Haute-Savoie à Sallanches ! Si les coûts de production étaient nettement plus faibles à Taïwan, les coûts de transports étaient eux si élevés que l’entreprise s’est retrouvée en difficulté. La relocalisation en France lui a permis de renouer avec les bénéfices.

Autre exemple, celui du groupe Kusmi Tea. Lui aussi a fait le pari de rapatrier ses productions de boites de thé qui étaient anciennement fabriqués en Chine et au Maroc.

Les exemples se sont multipliés ces dernières années. Mais il est une autre industrie qui elle n’est pas en remise en question : il s’agit de l’industrie numérique.

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Les pôles numériques ils sont aujourd’hui représentés par les technopôles comme la Silicon Valley, en Californie, regroupant les GAFAM (Google, Amazon, Facebook, Apple et Microsoft). Ces espaces développent un nouveau rapport à l’emploi et montrent la surpuissance de l’industrie numérique. La révolution numérique du XXIè siècle bouleverse les systèmes productifs (informatisation, automatisation, robotisation...). Toutes les fonctions sont concernées : direction-gestion, conception, production, logistique-transport et commerce. De nouveaux systèmes (internet), de nouveaux produits (objet connecté, 5G), de nouvelles logiques (production en « juste à temps ») et de nouveaux services apparaissent. Techniquement parlant, la révolution numérique repose sur l’essor des réseaux.

Ainsi, 360 câbles sous-marins intercontinentaux en fibre optique tissent un réseau de 1,2 million de km. Celui-ci relie 1 000 stations d’interconnexion par lesquelles transitent 90 % des échanges d’informations dans le monde. Dans la finance, le réseau SWIFT interconnecte plus de 11 000 institutions et banques dans 208 États, et véhicule 7 milliards d’ordres de transferts de fonds par an portant sur des milliards de milliards de dollars.

Enfin, La révolution numérique offre aux entreprises de nouveaux services. Grâce aux satellites, les déplacements des avions, des navires, des poids-lourds ou des conteneurs peuvent être suivis en temps réel à la surface du globe.

Dans les pays émergents : surfer sur la vague de la DIPP

Depuis 2014, les pays industriels développés produisent moins de 50 % de la richesse mondiale et la majorité des produits manufacturés provient des pays émergents. Ils attirent désormais la part la plus importante des investissements directs étrangers (IDE). De plus, certains émergents remontent activement les chaînes de valeur et ont développé des pôles d'innovation et de recherche : en Inde, Bangalore dont nous avons parlé plus haut est un puissant technopôle reconnu dans toute l’Asie du Sud.

La Chine a rapidement compris ce basculement et s’est insérée efficacement dans la course. Non seulement elle est gagnante dans le domaine de la production industrielle, en assurant 35 % du total mondial, mais elle concurrence désormais le Japon dans le nombre de brevets posés, notamment dans le domaine du transport ferroviaire à grande vitesse et elle s'est lancée dans la course de la conquête spatiale.

Par ailleurs, les BRICS, qui certes subissent la DIPP, parviennent aussi à en tirer profit.

Exemple

Si on prend l’exemple de la Chine, on le voit nettement avec la multiplication de ses investissements en Asie (au Sri- Lanka elle a par exemple la jouissance d’un port en eaux profondes sri-lankais jusque 2118).

Le même schéma existe en Afrique, où le président Xi Ping lance des programmes « d'aide gratuite et de prêts sans intérêts » mais en profite pour pratiquer le land grabbing, c’est à dire l’appropriation de terres, notamment là où sont présents dans les minerais, en RDC, par exemple ou là où est présent du pétrole en Angola.

Dans le cadre de sa stratégie du Collier de perles et des « nouvelles routes de la soie », la Chine investit tous azimuts.

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C’est ainsi la DIPP qui a certes soumis la Chine, mais qui lui a permis de s’enrichir et désormais de déployer toute sa puissance économique.

Les PMA sont quant à eux encore exclus de ces logiques de production et ce constat d’exclusion est réalisé chaque année par les différentes organisations tels les forums sociaux mondiaux.

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