Nous sommes en plein cœur du Second Empire de Napoléon III. Si le régime est caractérisé par son autoritarisme, il n’en reste pas moins brillant sur le plan économique. Cette prospérité économique, due à la révolution industrielle qui touche l’Europe, entraîne des mutations profondes dans la société française.
La France est alors un pays très rural qui
voit se multiplier les industries et s’agrandir les villes. Napoléon III
comprend vite l’importance du rôle de l’État dans ces évolutions. Il va
pour cela soutenir et impulser la création d’infrastructures de
transports, soutenir la création d’entreprises, créer de grandes banques
pour aider à investir, etc.
Dans le même temps, il doit prendre en compte une classe sociale en pleine expansion : la classe ouvrière. L'État réalise de très importants investissements, au point d'augmenter lourdement la dette publique.
On peut donc se demander comment la France se modernise-t-elle sous le Second Empire ?
Pour répondre à cette problématique nous répondrons en deux temps. Le premier temps nous permettra de travailler sur les étapes de l’industrialisation et ses effets sur la France rurale. Dans un second temps nous nous intéresserons au rôle de l’État dans cette industrialisation et dans la gestion de ce qu’on appelle la question ouvrière.
Quelles sont les étapes de l’industrialisation en France et quels sont ses effets sur la France rurale ?
La Révolution industrielle ne naît pas en France mais en Angleterre, avec l’invention de la machine à vapeur par James Watt.
La Révolution industrielle désigne un ensemble de phénomènes qui ont accompagné à partir du XVIIIᵉ siècle la transformation de nombreux pays grâce au développement des techniques de production. On passe alors d’un stade de production majoritairement artisanal et agricole à un stade de production industriel.
Si l’industrialisation démarre en Angleterre vers 1750, il faut attendre les années 1830 pour qu’elle se développe en France. On parle de protoindustrialisation pour désigner les débuts de l’industrialisation. Qu’est-ce que la protoindustrialisation ?
C’est le fait que les artisans, travaillant souvent chez eux à la campagne, se sont réunis dans des usines, qu’on appelle des manufactures : le but étant alors de regrouper les travailleurs en un même lieu afin de produire plus et plus vite.
En même temps que la protoindustrialisation les machines-outils se développent, remplaçant la force humaine. Contrairement à l’humain, elles peuvent travailler en continu et offrir une puissance et un rythme fortement supérieur. Elles fonctionnent à la vapeur, vapeur qui est produite par la combustion du charbon, charbon obtenu en étant extrait de mines.
Avec ces évolutions, le nombre d’ouvriers explose. Ces ouvriers doivent se former à l’utilisation des machines et se spécialisent. De plus, ils viennent travailler selon des horaires fixes et perçoivent un salaire lié au temps de travail ou bien au nombre de pièces réalisées.
Les machines sont extrêmement coûteuses. L’État aide les patrons à les financer mais le capital dont doivent disposer les investisseurs pour se payer les machines sont très importants. C’est ainsi que se développe le patronat. L’industrialisation se développe dans la France entière mais n’est pas un mouvement homogène. Plusieurs critères influencent l’installation des usines :
Les réseaux de transport
La présence de ressources naturelles comme des cours d’eau, etc.
Lyon par exemple s’industrialise fortement et développe son industrie textile ; elle s’industrialise d’une façon si importante qu’on la surnomme le « Manchester français ». La première industrialisation est donc à l’origine d’importants bouleversements sur le territoire et dans la société.
Sous le Second Empire les paysans représentent une part majeure de la population active, plus de 80 % des actifs. De même, le territoire français est rural, composé de nombreux
villages. Napoléon III, grâce à une politique active développe les
réseaux connectant les nombreux villages entre eux : on appelle cela les
chemins vicinaux. Il développe aussi les canaux et les chemins de fer, ainsi que la présence de la gendarmerie pour que ces accès soit plus sûrs. Les innovations touchent cependant aussi les campagnes comme le montre l’arrivée des premières moissonneuses batteuses.
Cependant le changement le plus important sous le Second Empire provoqué par l’industrialisation du pays ne touche pas les campagnes en diffusant des machines mais en vidant les campagnes des forces vives. Expliquons-nous : la majorité des paysans gagnent peu d’argent avec leurs exploitations. L’industrialisation en marche nécessite une main d’œuvre importante. Les paysans n’abandonnent pas leurs exploitations définitivement : ils se rendent en ville pour effectuer des travaux sur des chantiers afin de compléter leurs revenus. Les chantiers les plus fréquents sont ceux du chemin de fer. Mais d’autres se fixent durablement en ville et délaissent la campagne.
Quoiqu’il en soit on note sous le Second Empire un premier exode rural important. Cet exode rural contribue à faire grandir la croissance urbaine, c’est-à-dire la population des villes et l’expansion spatiale de ces mêmes villes.
L’industrialisation et les transformations économiques ont aussi un impact sur les villes. Napoléon III engage la rénovation de la capitale, Paris. Au milieu du XIXᵉ siècle, Paris est la deuxième ville la plus peuplée
d’Europe, mais ses ruelles enchevêtrées, ses maisons étroites et
l’absence d’égouts favorisent les épidémies.
Pour cela, il demande au baron Georges Eugène Haussmann, préfet, d’appliquer ses souhaits. Ville médiévale aux ruelles étroites et insalubres, parfois glauques et mal famées, Paris a littéralement été bouleversée par les plans du baron.
Dans un premier temps il "nettoya" les rues, expropriant et indemnisant les habitants puis défonçant des centaines de constructions. Il façonna ensuite de grandes avenues capables d'absorber une circulation toujours plus grande et dota la capitale de deux poumons en aménageant les bois de Boulogne puis de Vincennes. Haussmann développe un immense réseau d’égouts qui atteint 600 km en 1878. Le but de tous ces travaux était de créer des voies de communication et d'échanges, des infrastructures pour favoriser le commerce mais aussi la vie quotidienne des habitants en améliorant l'hygiène et en les tirant vers un niveau de vie plus élevé.
Dans les grandes villes de France s’implantent des usines, des halles et des magasins. Les villes grandissent donc massivement sous le Second Empire, dynamisées par un Etat volontaire et actif, et préfigurent le visage de la France du XXᵉ siècle.