S'abonner
decoration
decorationdecoration

L'Europe, entre restauration et révolution (1814-1848)

Introduction

Nous sommes à la fin de l’année 1814. La France de Napoléon est défaite, suite à la coalition de l’Europe entière contre elle. Les puissances alliées se réunissent alors à Vienne afin de restaurer la paix en Europe et d'en finir avec l'ère révolutionnaire issue de 1789.

L’Acte final du 9 juin 1815 dessine une nouvelle carte du continent : la Russie, la Prusse et l’Autriche agrandissent leur territoire, la Grande-Bretagne renforce ses positions maritimes, tandis que la France, toujours soupçonnée de projets révolutionnaires, est entourée d'un cordon sanitaire d'États secondaires.

Là, entre 1815 et 1848, l’Europe est marquée par la montée en puissance des aspirations nationales et libérales. Ces revendications des peuples du droit à disposer d’eux-mêmes sont très souvent étouffées par les vieilles monarchies en place, autoritaires. Il n’empêche que les soulèvements se succèdent, se multiplient, et témoignent de la volonté d’en finir avec les anciens systèmes en place. En France, le parcours du roi Louis XVIII illustre les difficultés de la Restauration après la chute de Napoléon Ier.

Problématique

On peut dès lors se demander comment l’Europe glisse lentement de l’ordre monarchique vers les souverainetés nationales ?

Nous répondrons à cette problématique en trois temps : le premier temps nous permettra de voir que suite au Congrès de Vienne, l’ordre monarchique est rétabli en Europe. Dans le deuxième temps, nous concentrerons notre étude sur la France, en nous intéressant aux monarchies constitutionnelles en place. Enfin, nous nous attarderons dans une dernière partie à l’année 1848, année où l’Europe entière plonge dans les révolutions.

Texte alternatif
Sommaire
jouer1815, congrès de Vienne
jouer1859-1861, royaume d'Italie
jouer1870, proclamation de la République française
jouerLa puissance allemande
jouer1914, triple entente vs triple alliance
jouerTraité de Versailles

Comment l’ordre monarchique lutte t-il contre les aspirations libérales et nationales ?

En enterrant les idées révolutionnaires

Novembre 1814, Vienne

Le Royaume-Uni, la Prusse, la Russie et l’Autriche ouvrent à Vienne un immense congrès destiné à réorganiser l’Europe, après les années de guerre impulsées par celui que ses ennemis appellent « l’ogre » ; Napoléon. Le Congrès rassemble les grands diplomates de l’époque :

  • Metternich pour l'Autriche ;

  • Talleyrand pour la France

  • ou le tsar Alexandre Ier en personne, pour la Russie.

lumix

Derrière l’unité affichée par de grands principes tels que celui « d’établir un équilibre politique aussi parfait que possible entre les puissances » (Metternich) ou de grandes idées comme celle de concert européen des nations, se cache en fait de fortes divisions.

Exemple

La Prusse par exemple, souhaite se venger de la France et ne souscrit pas aux idéaux de paix et d’équilibre.

L’Autriche, organisatrice du Congrès, place en fait ses pions dans les négociations.

Quant aux Anglais, ils se récompensent amplement de leur lutte déterminée contre « l'ogre corse » en reconstituant avec l’accord des autres nations un deuxième empire colonial plus puissant que le premier, entamé par l'indépendance des États-Unis de 1776.

Profitant de ces divisions, Talleyrand parvient à faire entendre la voix de la France, pourtant à peine vaincue, et se place comme le défenseur des petits États. En réalité, l’excellent stratège qu’il est parvenu à protéger de nombreux intérêts de la France.

lumix

Cependant, tous s’accordent sur un point : le principe de légitimité des monarchies en place. Elles seules sont ainsi autorisées à régner et leur maintien serait la seule garante d’une paix durable en Europe. Ainsi, on enterre les idéaux révolutionnaires et le Congrès souhaite faire oublier le chaos que la Révolution française a provoqué.

De fait, les mesures du Congrès de Vienne permettent à l’Europe d’éviter tout conflit généralisé durant le XIXᵉ siècle. Il n’empêche cependant pas les idées révolutionnaires de se développer dans les sociétés européennes, celles-ci étant profondément ancrées dans les esprits.

<b>Metternich</b>

Metternich

En réprimant les aspirations libérales et nationales.

La paix voulue par le Congrès de Vienne, ainsi que le désir d’un équilibre géopolitique ont un prix : la répression des aspirations libérales et nationales. On entend par ces deux termes deux choses :

Définition

« Aspirations libérales » désigne les revendications des droits de l’individu et de l’égalité entre les citoyens.

« Aspirations nationales » désigne la volonté de groupes d’individus de partager une unité culturelle ou historique et donc de se constituer en État.

Ces deux éléments forment le désir d’unité nationale. Il va à l’encontre des systèmes monarchiques et impériaux car ceux-ci se partagent les territoires sans jamais prendre en considération les spécificités ni les souhaits des populations.

Dans le cas d’empires multinationaux comme l’Autriche, qui sont de véritables mosaïques ethniques et culturelles, on imagine la complexité de la question. Dans cette Europe figée par le congrès de Vienne et la Sainte-Alliance des rois, les ferments de contestation libérale et nationale se manifestent dès les années 1820.

Exemple

En 1820-1821, des révolutions vite réprimées éclatent en Espagne, au Piémont et à Naples.

En France, et dans une moindre mesure en Belgique, une opposition libérale s’exprime dans un espace public élargi, par des pétitions, mais aussi des banquets, ou tout autre types de manifestations.

Dans toutes les contestations, ce sont les libertés publiques qui figurent au cœur des aspirations exprimées. La réponse des gouvernants est toujours la même : la répression.

Exemple

Un exemple marquant est celui de la Grèce qui souhaite s’affranchir de l’Empire ottoman : la guerre d’indépendance dure de 1821 à 1832 et la réaction turque face à ces aspirations est très dure. Un épisode marquant est celui des massacres de Chios en 1822 où des dizaines de milliers de Grecs sont massacrés en exemple.

lumix

Le désir d’indépendance des Grecs suscite la sympathie du mouvement libéral européen, qui soutient leur cause face aux ordres établis et aux répressions. On considère ainsi que l’indépendance grecque constitue une étape cruciale dans le lent avènement du principe des nationalités en Europe.

<b>Les massacres de Chios</b>

Les massacres de Chios

Sommaire
jouerProclamation de l'indépendance de la Grèce
jouerTraité de Londres
jouerConférence de Londres

Pourquoi la France tourne-t-elle la page des monarchies constitutionnelles ?

A cause de l’autoritarisme de Charles X

La France doit retrouver un chef : c’est Louis XVIII, frère du Roi Louis XVI, qui monte alors sur le trône le 6 avril. De fait, l’arrivée de Louis XVIII entraîne la restauration de la monarchie.

lumix

On appelle cette période la Restauration.

Louis XVIII sait qu’il est impossible de restaurer la monarchie absolue. Il met alors en place une monarchie constitutionnelle, basée sur une charte constitutionnelle instaurant une gouvernance du pays par le Roi et deux assemblées :

  • L'une dont les membres sont nommés par le roi : la chambre des pairs,

  • L'autre dont les membres sont élus au suffrage censitaire : la chambre des députés.

Louis XVIII décède en 1824. C’est son frère, Charles X qui lui succède. Charles X durcit les positions de la monarchie constitutionnelle naissante. Rapidement, Charles X manifeste son soutien aux groupes ultra royalistes qui rêvent de détruire les acquis de la Révolution et de rétablir l’Ancien Régime.

C’est en 1830 que tout bascule. Entre les 27 et 29 juillet, Charles X publie cinq ordonnances, c’est-à-dire un acte par lequel le roi fixe des règles juridiques : elles sont à l’origine de sa perte.

  • La première ordonnance suspend la liberté de la presse et rétablit la censure et l'autorisation préalable de publication.

  • La deuxième dissout la Chambre qui vient d'être élue.

  • La troisième réduit le corps électoral déjà très limité.

  • La quatrième convoque les électeurs pour le mois de septembre.

  • La cinquième enfin nomme des fidèles du roi aux plus hautes fonctions de l’État.

Paris, aussitôt, se soulève. Durant trois journées violentes, appelées ensuite Trois Glorieuses, et 1200 morts plus tard, les insurgés l’emportent sur l’armée.

Le roi Charles X, qui a accepté de retirer les ordonnances bien trop tard, s’enfuit. Il s’exile en Autriche, où il reste jusqu’à sa mort. Néanmoins, les Trois Glorieuses ne débouchent pas sur la proclamation de la République, mais sur l’avènement d’un nouveau roi : Louis-Philippe.

<b>Juillet 1830 et les trois glorieuses</b>

Juillet 1830 et les trois glorieuses

En étant déçu par la monarchie de Juillet

Le 7 août 1830, à la suite des Trois Glorieuses, le duc Philippe d’Orléans accepte de se voir décerner par les deux Chambres le titre de « roi des Français » et prend le nom de Louis-Philippe Ier.

Remarque

L’une des personnalités ayant soutenu sa candidature s’appelle Adolphe Thiers. Il parle de Louis-Philippe comme d’un « prince dévoué à la cause de la Révolution ». On constate encore alors l’attachement des Français à la monarchie et la volonté de s’inspirer du modèle anglais de la Glorieuse Révolution, c’est-à-dire de conserver une monarchie à laquelle on adosserait une constitution. Louis Philippe se veut rigoureux et respecte la charte, qui est le fruit du travail des deux assemblées.

Cependant, les choses ont en réalité peu changé :

  • Le suffrage est toujours censitaire, favorisant les plus riches.

  • Ensuite, le roi est le seul à disposer du pouvoir exécutif (actuellement c’est un gouvernement, nommé par le président de la République, qui détient ce pouvoir, de fait partagé) et à promulguer les lois, c’est-à-dire à les valider.

  • De plus, tous les monarchistes ne soutiennent pas Louis Philippe pour des raisons purement dynastiques.

lumix

Finalement, l’arrivée de Louis Philippe et de la monarchie de juillet ne changent pas le fond du fonctionnement étatique bien au contraire puisque Louis Philippe n’engage aucun changement social ou politique notable. Ainsi, les espoirs démocratiques du peuple sont réduits à néant puisque aucune des réformes politiques importantes comme une modification des lois électorales, par exemple, ne sont engagées.

Cet immobilisme conduit à la remobilisation des idéaux révolutionnaires.

Exemple

Au travers par exemple des publications (on peut citer Marie d’Ajout qui publie un Essai sur la Liberté), ou de grands banquets politiques qui permettent aux républicains, interdits de réunions, de contourner la loi en organisant à partir de juillet 1847 des banquets qui réunissent des centaines de participants autour de quelques éminents orateurs. On n'en compte pas moins de 70 à Paris et dans les grandes villes du royaume au cours des sept mois suivants.

C’est l’un de ces banquets qui provoque la chute de la monarchie de Juillet.

<b>Louis Philippe 1er</b>

Louis Philippe 1er

Pourquoi l’Europe plonge-t-elle dans les révolutions en 1848 ?

Suite à l’insurrection républicaine à Paris

lumix

On rappelle que, interdits de réunion, les républicains contournent la loi en organisant des banquets politiques à partir juillet 1847. Début 1848, à Paris, l’un de ces banquets est interdit par les autorités. En réaction à cette interdiction, les étudiants parisiens, accompagnés des ouvriers manifestent leur mécontentement. À cette époque à Paris plus d’un million d’habitants vivent dans la capitale. Les conditions de vie sont difficiles et marquées par la pauvreté et le chômage, la saleté et les épidémies. Les divisions sociales sont fortes, ce qui explique que les ouvriers, de plus en plus nombreux aient rapidement rejoint le mouvement de contestation.

L’interdiction dudit banquet a lieu le 22 février 1848.

Le lendemain, 23 février, les militaires de la garde nationale rejoignent les manifestants. Le soir du 23 février, une manifestation dégénère devant le ministère des Affaires étrangères. Un coup de feu entraîne une riposte des soldats : on compte 20 morts. Loin de vouloir rentrer chez eux, les Parisiens sortent et les barricades se multiplient. Le roi refuse de mater la rébellion dans le sang et abdique dès le 24 février. Dans la foulée, un petit groupe de républicains progressistes, à l'instigation d’un des chefs de file de l’organisation des banquets, Alexandre Ledru-Rollin, gagne le lieu mythique de la Grande Révolution, celle de 1789.

Est ainsi proclamé dans la nuit l'avènement d'un gouvernement républicain. Ainsi naît la IIe République à laquelle on associe immédiatement le drapeau bleu blanc rouge. C'en est fini de la monarchie en France.

Car tous les pays sont touchés par le printemps des peuples.

Introduction

On l’a compris, depuis la révolution de 1789, les idéaux révolutionnaires se développent dans toute l’Europe. Ceux-ci sont plus ou moins endigués par les monarchies en place, à coup de répression ou de censure. Les idéaux révolutionnaires et les principes qui les accompagnent continuent leur développement dans les sociétés européennes. Pour désigner ce phénomène, le député Alexis de Tocqueville avait parlé d’un « vent de révolution » qui soufflait.

lumix

L’insurrection de 1848 à Paris est le point de départ d’une série de révoltes qui vont toucher l’Europe au printemps 1848 : on parle alors de « Printemps des peuples ».

C’est l’Autriche qui emboîte le pas de la France le 13 mars, puis la Prusse le 18 mars, puis l’Italie.

Dans l’empire austro-hongrois, la Hongrie dénonce dès le 3 mars la domination autrichienne et réclame un gouvernement proprement hongrois, à Prague, capitale de l'ancien royaume de Bohème, on exige l'égalité de droits entre Tchèques et Autrichiens de langue allemande. À Vienne, les libéraux s'insurgent le 15 mars et le prince de Metternich, chancelier d'Autriche, est obligé de s'enfuir. Il ne reviendra plus jamais aux affaires. Finalement, l’empereur quitte Vienne au mois de mai et autorise l'élection au suffrage universel d'une Assemblée constituante !

Les royaumes d’Italie sont eux aussi touchés directement par ce vent de révoltes et des villes comme Milan, Venise ou Naples entrent en rébellion contre l’occupant autrichien. À Rome, le pape Pie IX lui-même est chassé par les révolutionnaires avec brutalité.

Quant à l’Allemagne, à Berlin, du 18 au 21 mars 1848, une révolution oblige le roi de Prusse Frédéric-Guillaume IV à accorder une Constitution à ses sujets. À Munich, le roi de Bavière Louis 1er est obligé d'abdiquer le 20 mars.

lumix

On a donc une véritable flambée révolutionnaire en Europe montrant les aspirations des peuples à disposer d’eux même.

Conclusion

Ce chapitre vise à montrer la volonté de clore la Révolution, dont témoigne la restauration de l’ordre monarchique européen, ainsi que la fragilité de l’œuvre du congrès de Vienne. Les éléments à retenir sont les suivants :

  • Les deux expériences de monarchie constitutionnelle en France conduisent finalement à l’arrivée de la II République.

  • La naissance du projet européen de construire une paix durable date du Congrès de Vienne.

  • L’essor du mouvement des nationalités remet en cause l’ordre du congrès de Vienne et rebat toutes les cartes de l’organisation des pays d’Europe.

Revenir au chapitre
Commentaires

Jydtdtdjxtjtjd

0
il y a 2 mois
H
Répondre