S'abonner
decoration
decorationdecoration

La France et la construction de nouveaux États par la guerre et la diplomatie (1848-1871)

Introduction

La fin du XIXᵉ siècle est marquée par de profonds bouleversements géopolitiques en Europe. L’ordre établi par le congrès de Vienne, remis en question par les révoltes et les révolutions successives du XIXᵉ siècle débouche finalement sur une série de changements majeurs comme l’unification italienne et l’unification allemande, qui sont jusque-là des entités disparates.

Dans ce contexte, la France du Second Empire joue un rôle d’importance. Napoléon III, désireux d’imposer la France sur le devant de la scène européenne favorise fortement les mouvements nationaux qui se multiplient à partir de 1848, notamment en réponse aux répressions multiples du Printemps des peuples. L’opposition est forte entre les vieilles monarchies agonisantes et les peuples, se battant en revendiquant libertés et unités nationales.

Petit à petit, ce sont de nouveaux États-nations qui se forment et l’équilibre géopolitique européen se modifie en profondeur.

Problématique

On peut donc se demander comment la France participe à la construction de nouveaux États européens entre 1848 et 1871 ?

Nous répondrons à cette problématique en deux temps : le premier temps nous permettra de nous intéresser au rôle important que donne Napoléon III à la France dans le jeu des nationalités en Europe. Le second temps nous permettra de nous attarder sur deux cas spécifiques d’unification : l’Allemagne et l’Italie.

Comment Napoléon donne-t-il à la France un rôle prépondérant dans le jeu des nationalités en Europe ?

En défendant le principe des nationalités

Napoléon III fut le premier souverain à comprendre le mouvement des nationalismes et à faire du principe des nationalités une des bases de sa politique étrangère. En cela, l'évocation du « droit des peuples à disposer d’eux-mêmes » tant défendu durant la Révolution française fut une ligne de mire de son action diplomatique.

Exemple

Louis de La Guéronnière écrivait en 1859 à propos de la position de Napoléon III sur le principe des nationalités : « L'empereur Napoléon s'est cru obligé de conquérir les nationalités pour les affranchis ; si jamais son successeur avait à les défendre, ce serait pour les affranchir sans les conquérir. »

C’est ainsi que Napoléon III défend activement une Europe dite des nations.

Exemple

  • Pour commencer, il s'engage contre la Russie dans une guerre en Crimée, victorieuse mais éprouvante, aux côtés du Royaume-Uni. La victoire en Crimée débouche sur la signature de la paix au Congrès de Paris en 1856, qui en finit avec ainsi l’équilibre imposé par le congrès de Vienne.

  • En 1859, Napoléon III affirme le soutien de la France à la création d'un royaume de Roumanie.

  • Il apporte ensuite l’appui de l’empire aux nationalistes italiens dans une guerre avec l’Autriche, qui lui vaut l'annexion de Nice et de la Savoie, avec le consentement de leurs habitants. Les victoires de Napoléon III en Italie ont ainsi placé la France en position d’arbitre dans le combat des nationalités.

C’est ainsi qu’en diplomatie secrète et grandes réunions diplomatiques l’empereur affirme la place de la France sur la scène européenne.

L’annexion de Nice et de la Savoie

L’annexion de Nice et de la Savoie

En contribuant aux processus d’unification des Etats-nations

Définition

Un État-nation est un État composé d’un territoire délimité par des frontières dans lequel une population partage des traits culturels communs et un souhait de vivre ensemble.

Durant toute la décennie 1850, Napoléon III jouit d’un grand prestige dû à sa diplomatie. Le point d’orgue de ce prestige a lieu lors du congrès de Paris de 1856, qui a réorganisé l’Europe sous le contrôle de l’empereur. Mais les années 1860 sont celles du désenchantement.

Exemple

  • En Italie d’abord, qui avait pourtant apporté le succès à l’empereur des Français : ce dernier fait le choix d’envoyer un corps expéditionnaire c’est-à-dire des militaires pour protéger le pape des révolutionnaires. Jusque-là Napoléon avait toujours soutenu les révolutionnaires et apparaissait pour cette raison comme un héros aux yeux des combattants. La décision de protéger le pape change totalement la perception des Italiens qui le voient désormais comme le dernier obstacle à l’unification finale du pays.

  • Deuxième point : l’expédition du Mexique entre 1860 et 1867. En collaboration avec l’Angleterre et l’Espagne, la France Parallèlement, l’expédition du Mexique menée d’abord conjointement avec l’Angleterre et l’Espagne puis seulement par la France après que les deux autres pays se soient rapidement retirés tourne au fiasco et ternit l’image de la France.

  • Troisième et dernier point, le plus important, la Prusse dirigée par le chancelier (équivalent du Premier Ministre de nos jours) Otto von Bismark. Bismarck, dès son arrivée aux affaires, a compris qu'il ne pourrait agrandir la Prusse qu'à la condition de neutraliser l'Autriche et la France. Méthodiquement il met son plan en action : en 1866 il vainc l’Autriche à Sadowa. Il peut ainsi créer la Confédération de l'Allemagne du Nord. Mais le chancelier Bismark souhaite aller plus loin en achevant l'unité allemande en rassemblant le nord et le sud, et cela passe par une incontournable guerre contre la France. Habilement le chancelier Bismark va cependant monter l’Europe contre la France tout en poussant cette même France à lui déclarer la guerre ! La dépêche d'Ems sera l’étincelle qui va inviter la France à déclencher la guerre à la Prusse, consacrant la stratégie du chancelier Bismark. C’est une violente défaite qui humilie la France en 1870. Cette défaite marque aussi l’avènement de la jeune puissance allemande.

Napoléon III avait ainsi ramené la France au centre du jeu européen ; sa défaite et sa chute en font, pour vingt ans, une puissance plutôt isolée et périphérique de l’Allemagne. La France aura donc contribué activement au processus des nations, et aura de fait payer un lourd tribut.

<b>1871, Bismark et la&nbsp; proclamation du Reich</b>

1871, Bismark et la  proclamation du Reich

Comment se construisent les nouveaux États italien et allemand ?

Le cas allemand : une unité à marche forcée.

lumix

Tout d’abord il faut rappeler rapidement qu’en ce début de seconde moitié du XIXe siècle, l’Allemagne n’a pas d’existence : il existe une confédération d’États parmi lesquels l’un, très puissant : la Prusse. C’est cette Prusse qui va devenir leader de l’ensemble d’États qui formera à partir de 1871 l’Allemagne.

C’est à un homme du nom d’Otto Von Bismarck, comte de son état que l’on doit l’unité allemande.

Nous sommes fin 1862 quand le roi de Prusse Guillaume Ier appelle à la chancellerie Bismarck. Débute alors une alliance solide entre les deux hommes, alliance qui mènera à la formation de l’unité allemande moins de dix ans plus tard. Comme vu plus haut, Bismarck va mener l’unification de l’Allemagne autour de Berlin à marche forcée.

  • Il n'hésite pas à provoquer une guerre avec l’Autriche, qu’il vainc rapidement, enterrant à jamais les ambitions autrichiennes d’absorber l’Allemagne dans l’empire vieillissant. L'Autriche capitule le 23 août 1866. Naît suite à cette défaite le 15 décembre 1866 une "Confédération de l'Allemagne du Nord", composée de 22 États dont un est surpuissant : la Prusse.

  • Mais le chancelier Bismark souhaite aller plus loin en achevant l'unité allemande en rassemblant le nord et le sud, et cela passe par une incontournable guerre contre la France. Habilement le chancelier Bismark va cependant monter l’Europe contre la France tout en poussant cette même France à lui déclarer la guerre ! La dépêche d'Ems sera l’étincelle qui va inviter la France à déclencher la guerre à la Prusse, consacrant la stratégie du chancelier Bismark. C’est une violente défaite qui humilie la France en 1870.

lumix

Cette défaite marque aussi l’avènement de la jeune puissance allemande. Napoléon III avait ainsi réussi ramené la France au centre du jeu européen ; sa défaite et sa chute en font, pour vingt ans, une puissance plutôt isolée et périphérique de l’Allemagne.

Remarque

La France aura donc contribué activement au processus des nations, et aura de fait payé un lourd tribut.

Le cas italien : la place de la diplomatie

En Italie, le printemps des peuples avait été fortement réprimé.

Suite à ces événements, l’Italie avait alors retrouvé la configuration fixée en 1815 :

  • D'un côté des petits royaumes sous protection autrichienne

  • De l’autre ce qu’on appelle les États pontificaux, occupés au nord par les Autrichiens et à Rome par les Français.

Dans cette péninsule divisée et morcelée, un seul roi dispose d’un pouvoir assez solide à la tête de son royaume : il s’agit du roi Victor-Emmanuel II. Celui-ci est à la tête du royaume de Piémont Sardaigne. Victor-Emmanuel II, travaille étroitement avec son principal ministre : Camillo Cavour. Les deux hommes incarnent l’espoir des patriotes de toute la péninsule de travailler à la formation d’une Italie unie. Cavour, en effet, défend l’idée d’une grande Italie unie autour du roi Victor-Emmanuel II.

Mais avant toute unité il faut chasser les Autrichiens, dont l’installation a été fortement ancrée suite au congrès de Vienne de 1815. Cavour le comprend très vite et sait aussi qu’il sera nécessaire d’obtenir l’aide d’autres états. C’est en fait un état qui incarnera ce rôle de défenseur : la France, dès 1858, au nom de la défense, par Napoléon III, du principe des nationalités. En fin diplomate, Cavour avait depuis plusieurs années cultivé l’amitié avec les monarchies libérales que sont la France et le Royaume-Uni.

Exemple

Il avait notamment envoyé un signal fort à la France, en la soutenant symboliquement lors de la Guerre de Crimée de 1856.

C’est en juillet 1858 que Cavour rencontre secrètement Napoléon III et parvient à le convaincre d'apporter son aide militaire aux Piémontais dans ce qui semblait être devenu l’incontournable guerre à venir contre l'Autriche. Au terme de tractations débouchant sur des accords (notamment celui pour la France de recevoir la Savoie et Nice en cas de victoire), la France accepte de venir au secours du royaume de Piméont-Sardaigne en cas d’attaque autrichienne. Cette attaque a lieu comme prévu en 1859, les troupes françaises interviennent et parviennent à vaincre.

Le coup d’envoi de l’unité italienne est lancé et la marche à l’unification est lancée. L’unification se poursuit et prend fin avec la prise de Rome  en 1870, ville immédiatement érigée en capitale de la nouvelle Italie. Ici, c’est donc via d’importantes tractations diplomatiques menées au départ par Cavour que l’Italie morcelée a pu lancer son unification et finalement déboucher sur un pays uni.

Conclusion

  • La participation du Second Empire a fortement contribué à la marche vers l’unité
    italienne.

  • La guerre de 1870 entraîne la chute du Second Empire mais a permis l’unité allemande.

  • Guerre et diplomatie sont les modes opératoires complémentaires ayant mené l’un
    et l’autre aux unités de l’Italie et de l’Allemagne.

Revenir au chapitre
Commentaires